Mots, Images

Cinescalade 2014
Voici l'affiche de Wild One, diffusée sur Kairn.com !



Cinescalade 2013
ECHANGES AVEC NOS INVITES


Voici la restitution des échanges avec Stéfan Girres lors de la première séance, à propos du documentaire "Blokuhaka 2012", version 12min :


L’évènement était très dispersé dans l’espace, sur 2 à 3 kilomètres le long de la plage. Il fallait être là au bon moment et vous étiez deux à filmer. Etait-ce suffisant ?

Stéfan : Ils avaient prévu de faire beaucoup plus de choses en fait. Il y avait l’escalade, la slack, le land art et le concert le soir. Mais, puisque ça a dû être reporté en septembre à cause de la météo (ça devait se dérouler normalement au moment de la fête de la musique) certaines animations n’ont pu avoir lieu ( paddle board, poterie, yoga). Mais il aurait été difficile de tout filmer à deux, surtout que nous étions généralement ensemble au même endroit.
Avec Youenn, l’organisateur, nous avons conclu qu’il aurait fallu dans ce cas être 2, voire 3 cameramen supplémentaires.
Cette année l’ensemble des animations devrait se concentrer du côté de la cabane des douaniers sur la plage de Meneham. Mais même malgré cela, nous ne serons pas assez de deux pour la prochaine session.


L’expérience compte beaucoup dans la prise de vue de ce type d’évènement ?

Stéfan : Oui, sachant qu’en plus ce n’est pas notre métier. Nous faisons cela pour nous amuser. On n’a pas eu de formation.
On a raté cette année le land art. Ce qui est montré dans le film provient de photos prises par les organisateurs ou les visiteurs. C’est dommage. Il aurait fallu filmer le moment de la création.
Cette année nous avons décidé de vraiment tout filmer et mettre en avant les acteurs dans tous les domaines, que ce soit l’escalade, la slack, etc. sous la forme d’interview.


Ce sont les organisateurs qui vous ont contacté ou est-ce vous qui avez proposé vos services ?

Stéfan : On s’est connu grâce à Hugo Leroy, qui faisait partie du projet (slackline). Lorsque Youenn a cherché quelqu’un pour filmer, Hugo lui a parlé de nous. Nous nous étions rencontré lors de la compétition Penn ar bloc que je filmais. Je lui ai dit que le projet m’intéressait et que l’on allait voir ce que l’on pouvait faire.
J’étais venu en Juin sur la période prévue initialement, pour faire des repérages.
On s’était recontacté ensuite pour préparer l’évènement qui était reporté en septembre.


Vous étiez là lorsque le team Petzl était présent ?

Stéfan : Non ! En fait il pleuvait ce samedi. Ils étaient là toute la semaine précédente et étaient restés au chaud ce WE. Ils avaient eu bien raison !


Il y a la période où l’on filme - parce qu’il faut de la matière - mais le gros du travail est quand même le montage. Qui s’en occupe ? Il faut également expliquer ce qu’est Girwet Entertainment ?

Stéfan : A l’origine, Girwet Entertainment, c’est moi. Mathieu est venu se greffer dessus.
Lors de la réalisation du premier « gros » film d’escalade j’avais demandé à Mathieu s’il pouvait me prêter une caméra que je n’avais pas. Il s’est proposé également pour me donner un coup de main. Notre collaboration a commencé comme cela. En général c’est moi qui filme et réalise les montages. Quand j’ai besoin d’aide je lui propose et il sait se rendre disponible. De plus étant plus costaud que moi, il peut porter le matériel lourd ! (rires).


Vous grimpez également tous les deux. Ca se sent et se voit dans vos films. D’ailleurs, si vous voulez les visionner ils sont visibles sur internet, via Vimeo. Vous y verrez l’évolution très intéressante de la production. Il y a du bloc mais aussi la mise en valeur de la salle de Fouesnant, Penn Ar Bloc…

Stéfan : J’avais essayé de me faire plaisir, de toucher un peu à tout, avec le sport et l’escalade en particulier, puisque c’est celui que je pratique. On fait des vidéos de compétition, de festival comme Blokuhaka avec les particularités de l’évènementiel ; le premier clip que l’on a fait (Resiners) est un documentaire. Pour celui-ci on savait ce que l’on voulait. Ce n’est pas du tout la même démarche que lorsque l’on arrive sur un évènement où on ne sait pas précisément ce qui aura un intérêt. Et j’ai fait aussi d’autres choses qui ne sont pas en rapport avec le sport, comme des clips musicaux. J’ai essayé pour l’instant de toucher à tout pour voir ce qui me convenait le mieux. Tout est intéressant mais suivant l’équipement que l’on a et les moyens humains on ne peut pas faire correctement tout et n’importe quoi. Donc maintenant je cible ce que je peux faire à peu près bien.


C’est intéressant d’avoir cette diversité de travaux, surtout au niveau des clips musicaux. Tu as travaillé avec des copains musiciens ?

Stéfan : En fait ce sont des groupes qui tournent beaucoup sur internet et dont j’apprécie beaucoup la musique. Ils n’ont pas forcément de grosses maisons de production derrière eux. Je leur ai envoyé un mail pour leur demander si je pouvais utiliser leurs morceaux sur mes vidéos. Ils ont accepté. C’est appréciable. Je viens de refaire un film mais cette fois en traitant avec une grosse maison de production. Au bout du compte elle veut bien travailler avec nous mais moyennant finance. Ce qui est compréhensible. Ils ont des frais à mettre en œuvre pour que l’on puisse utiliser ces chansons de manière légale. C’était une vidéo à titre pédagogique que l’on voulait mettre sur internet, dans le cadre de mon boulot, - je suis professeur des écoles – avec un artiste connu : M83. J’ai eu de superbes relations. Mais vu ce que je voulais en faire, ils ont trouvé cela trop compliqué, ou moyennant des frais supplémentaires. On n’a donc pas pu le faire. Il faut peut-être travailler avec des groupes moins connus mais qui s’auto produisent ou ont des petites maisons de production. Ils sont dans ce cas plus ouverts à ce type d’utilisation. Ils vous laissent utiliser leur musique gratuitement parce que ça leur fait de la publicité. Par contre ça demande un plus gros travail de recherche pour trouver les chansons qui conviennent et qui plaisent.


Cette expérience a dû vous apporter une rigueur au niveau du montage : Il n y a rien de pire au niveau du rythme, du calage, qu’un clip musical ?
On va sans doute mieux le voir avec les deux teasers projetés à la suite.

Stéfan : Ce sont les mêmes images que la version précédente mais condensées en 2mn30s, pour que les gens voient tout ce qui s’était passé, qu’ils n’aient pas le temps de s’ennuyer, en leur donnant l’envie de venir. J’ai commencé par cette version courte. Mais j’ai eu des soucis parce que j’ai commencé à utiliser une musique en croisant les doigts pour que je puisse avoir les droits et la mettre sur internet. Mais je n’ai pas eu cette autorisation. J’avais envoyé ce montage à l’organisation du Blokuhaka qui avait trouvé ça top, mais c’est ensuite que j’ai su que je n’avais pas le droit d’utiliser cette musique. On s’est retrouvé comme des ânes !
Il a fallu recommencer tout depuis le début parce que caler un morceau sur un montage déjà fait est impossible. Le calage se fait à l’image près à certains moments et du coup on est obligé de tout repenser.
Pour le teaser de la deuxième session on était parti sur un format particulier qui devait durer à peine 1 minute. Avec des plans très courts de 1 à 2 secondes maximum. Là, j’ai eu la chance d’avoir un copain qui a composé la musique pour moi, sans problème de droit.
(The Dreamers : https://www.facebook.com/The.Dreamers.Grp?fref=ts )


Pour ce teaser 2013, comment as-tu récupéré les images ? 

Stéfan : Il y a eu une journée de préparation au festival courant avril. Ils ont fait une grosse répétition générale, qui a dû être écourtée à cause de la météo ! On a tout de même réussi à avoir suffisamment d’images sur le paddle board, la slack, l’escalade. Ils faisaient des repérages pour être prêts le jour J. On avait donc proposé aux organisateurs de faire des images à cette occasion pour préparer le teaser.

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VLADIMIR CELLIER - BARAKA FLIMS

Vladimir Cellier et Julien Nadiras n'avaient pu être présents lors de cette session, pour présenter leurs dernières productions.
Voici toutefois la restitution d'un riche échange par téléphone avec Vladimir, qui nous éclaire sur sa démarche artistique. 


Pratiques-tu l’escalade ?
Vlad : Je grimpe peu (quelques sorties avec ma copine) et je reste dans le 5. En fait, le vide me fait peur. Je suis plus gymnaste que grimpeur. J’aime bien avoir les pieds au sol. En falaise, même les gestes les plus simples me paraissent insurmontables, et je ne grimpe pas assez souvent pour gagner en confiance.


D’où vient alors ton lien avec l’escalade ?
Comment as-tu rencontré ce milieu ?
Vlad : Par le biais du théâtre : je faisais de la création son pour des pièces. La copine de Julien Nadiras était comédienne. Elle connaissait mon travail et Julien revenait d'un tournage. Il était un peu perdu pour commencer son montage et cherchait quelqu’un pour sa musique. Etant monteur et musicien, il m’a laissé être là au montage et c’est comme cela que notre partenariat a commencé. Petit à petit, Julien s'est concentré sur le cadrage, et moi sur la réalisation et le montage.


Vous avez chacun vos particularités. Est-ce que les idées, l’histoire, le rythme sont dictés par le captage des images, - donc de l’improvisation - ou avez-vous quelques perspectives tracées préalablement ?
Vlad : J’ai commencé à apprendre à monter en mode petit budget. Je n’avais pas d’argent, je n’avais pas de caméra et aucune connaissances en cadrage. Donc, je récupérais les images sur internet (films, clips, docus etc) et les détournais en enlevant le son, en mélangeant des images de plusieurs contextes différents ; mon idée était de remixer et de décontextualiser. Je me suis donc construit une pratique du détournement. J’avais pas mal de référence de personnes qui pratiquaient ce type de montage. C’est d’ailleurs pour cela que l’on s’appelle Baraka FLIMS (et non FILMS), en référence au "Grand détournement". Il y a effectivement une grosse part d’improvisation au moment où arrivent tous les rushes. Il n’y a pas grand-chose d’écrit. On respecte une certaine chronologie, mais beaucoup de choses s’inventent au fur et à mesure du montage. C’est seulement pour l’Argentine que Petzl nous a demandé si l’on serait intéressé par une fiction. Pour cette fois on a donc story-boardé. Tu verras la différence. L’intro et la fin sont construits comme un vrai film.


Après plusieurs années de travail commun, Julien n’anticipe-t-il pas trop tes besoins d’images, au risque (inconscient) de réduire l’inventivité ?
Vlad : J'aime bien travailler sur la synchro image/son. Quand je commence un montage, je regarde d'abord tous les rushs et je repère les éléments "musicalisables" (l'homme qui secoue son riz dans Roctrip China, la femme qui frotte son linge dans Ganesh…etc). Julien et les autres cadreurs de Petzl savent que n’importe quel bruit, n’importe quel geste rythmé, n’importe quel élément musical peut m’intéresser. C'est un peu cette matière première qui détermine les possibilités d'inventivité et de création au montage, donc je ne peux qu'approuver leurs anticipations. De mon côté, j'essaye de compléter cette matière en allant rencontrer et filmer des musiciens locaux.
Donc finalement c'est un peu les lieux qui permettent ou non ce genre d'exercice. En Chine en Inde ou à Cuba ce n'est pas très compliqué car la culture te saute aux yeux.
Pour Silbergeier, par exemple, c'était plus difficile. Il n'y avait pas beaucoup de vie autour de la grande voie : un peu d'herbe et quelques moutons. Donc je me suis moins amusé pendant le montage.


Tu as toutefois réussi à faire ressortir, des images de Julien, la rigueur des objectifs de Nina, la vie de bohème, la réalisation de ses rêves, etc. Le couple/binôme a bien été mis en valeur.
Vlad : Je n'étais pas sur le tournage de Silbergeier et ce qui m'a frappé quand j’ai vu les rushes c'est la relation entre Nina et Cédric. J’y ai vu beaucoup d’amour, une belle complicité entre les deux…
Pour moi un film de grimpe c'est un peu une occasion de découvrir un "ailleurs" au travers de l'escalade. La plupart du temps c'est le pays et sa culture qu'on essaye de faire ressortir. Mais pour Silbergeier, c'est ce duo de clowns, à la fois touchants, drôles et impressionnants, qu'on a voulu mettre en avant.

Ce principe de détournement est un travail énorme. Tu dois avoir digéré l’ensemble des rushes avant de commencer ?
Vlad : C’est clair. Il y a au départ une grosse période d’observation. J'essaye de faire des liens entre des rushs qui n'en ont pas à priori : un décor semblable, un thème commun ou même un mot peuvent réunir des plans de contextes différents. Par exemple, dans Roctrip China, quand Philippe Ribière est assuré par une chinoise qui a simplement enroulé la corde autour de sa taille. Ou quand Steve McClure, pourtant assez réservé, regarde Stéphanie Bodet faire pipi et s'exclame "mmmm, interesting !", etc… tout ça n'a jamais eu lieu.
Le détournement n'est pas un but en soi, c'est plus un moyen de ne pas forcément montrer les choses telles qu'elles se sont déroulées. Ça permet autant d'embellir une situation que de créer un moment de solitude, ça peut ajouter du comique quand il n’y en a pas, transformer de la prétention en autodérision, etc.
Donc c'est une façon pour le monteur/réalisateur de tricher un peu pour donner à voir ce qu'il veut que l'on voit…


Le montage qui introduit Roctrip China a dû être un travail énorme ?  On y perçoit les tempos de la Chine actuelle.
Vlad : Oui l’introduction a mis un certain temps à se faire. D’ailleurs, lorsque je l’ai présenté à Petzl après deux mois de boulot, ils m’ont dit : « Quoi, mais tu n’as fait que ça ? En tout cas, tu aimes bien les Timelapses ! ». L’idée du rythme des voitures a mis un certain temps à arriver, mais une fois qu’elle est apparue c’est allé assez vite. Le petit personnage qui marche a été ajouté plus tard. J’y avais pensé depuis le début. C’est assez simple à réaliser : une caméra en plan fixe, quelques caches avec Final Cut et le tour est joué.


Pour Cuba, tu as demandé aux musiciens rencontrés de jouer sur une même base mélodique/rythmique ?
Vlad : Seulement pour Chan Chan de Buena Vista Social Club. Les grimpeurs avaient ouvert une voie qu'ils avaient appelée "alto cedro" en référence à la chanson. Donc je voulais la remixer pour le film.
A La Havane on a rencontré un groupe qui jouait cette musique. On les a filmés un par un dans différents lieux. Je leur ai juste mis un métronome dans le casque.
Mais la plupart du temps, il n'y a pas besoin de casque. J'enregistre les musiciens séparément, et je leur demande juste de jouer ce qui leur fait plaisir. Pas besoin d'imposer une tonalité ou un tempo car les logiciels me permettent ensuite de corriger les 2 indépendamment.
De retour de voyage je fais le tri de mes musiciens, je rassemble ceux que je veux faire jouer ensemble, ça me donne une idée du nombre de chansons que je vais pouvoir créer et de l'intention que je vais y mettre : majestueux, dynamique, triste, mystique etc… et ça fait tout de suite apparaitre les différentes séquences du film.
Pour moi un film c'est comme une histoire. Pour raconter mon histoire, j'utilise autant les mots, les phrases et les images que les sons et les mélodies. Il n'y a qu'une seule étape pendant laquelle je réfléchis à tout : images et musiques s'écrivent en même temps et se complètent plutôt qu'elles ne s'illustrent.
Au théâtre c’était la même démarche. Je n’aimais pas que les metteurs en scène m’appellent pour poser du son sur un travail de plateau déjà abouti. Tu te retrouves dans une sorte de pléonasme, avec comme seule issue que d’illustrer le jeu. Par contre, quand tu arrives au début, tu peux apporter une structure. Ce n’est plus un accompagnement, mais un élément constitutif de la pièce, presque un personnage.


Tu arrives à magnifier les gens autant dans leur force que dans leur faiblesse, par les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres : Nina et Cédric, Arnaud et Stéphanie, Enzo et Cédric, etc.
Vlad : Cette phrase est tellement juste. En gros, tu me demandes si on a un plaisir sadique à maltraiter nos grimpeurs ? (rires)
Le fait de laisser transparaitre de la vulnérabilité sert à donner de l'humanité aux personnages. Ça les rend plus accessibles. Ça donne l'impression qu'ils ont un regard sur eux même, qu'ils font preuve d'autodérision.
Et puis j'aime bien travailler sur les contrastes. Le duo de personnage est parfait pour ça, l'un devient le contre-pied de l'autre.
Par exemple dans Rockin' Cuba, quand Enzo et Cédric enchainent la même voie, j'ai évidemment pris le plus mauvais de Cédric et le meilleur d'Enzo pour renforcer le comique de la situation.
Ou quand Nina dit avec passion que Silbergeier est le grand projet de sa vie, je fais bailler Cédric, etc.


Tu te le permets parce que ce sont des connaissances ?
Vlad : Pas forcément, Souvent je les ai rencontrés une fois le film terminé.
Non, je crois que je me le permets surtout parce que j'ai l'impression que ça les sert plutôt que l'inverse. En les mettant dans des situations marrantes, ou parfois même embarrassantes, j'essaye juste de les rendre plus attachants.

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BIBLIOGRAPHIE - MEDIATHEQUE DE LOUDEAC

La mise à disposition, pour consultation, des ouvrages spécifiques aux activités de montagne est devenue une incontournable de la journée. Les romans, beaux livres, documentaires, ouvrages techniques, bande-dessinées et quelques DVD sont disponibles à l'emprunt à la médiathèque de Loudéac.

Voici la bibliographie :